Samedi 26 février 2011
C’est mon premier voyage ! Chez nous, ce qu’on appelle voyage c’est lorsqu’on part à l’aventure vers des horizons inconnus tous les quatre, bien sûr depuis presque 8 mois que je suis sortie du giron j’ai bougé un peu mais c’était toujours dans la famille donc ça ne compte pas vraiment ! Nous voilà donc partis pour Firenze….
Ben oui, ça faisait un bail qu’on n’était pas partis, la dernière fois c’était juste avant que tu entres dans maman… C’était New-York, un sacré périple donc aujourd’hui plus rien ne me fait peur… T’inquiète pas Tess, je serai là pour te rassurer : les heures de voiture, les nuits dans des hôtels inconnus, les visites de musées et surtout les églises parce qu’en Italie tu vas voir on s’en tape un paquet ! Et bien, si tout ça te fait peur, t’inquiète pas… J’en ai vu d’autres ! Bon, j’te laisse raconter: à toi l’honneur !
Alors, alors… Je me lève et je découvre la maison toute retournée, les parents tout excités, on mange vite fait bien fait et on embarque dans la voiture avec la moitié de notre maison, maman et papa font cinq allers retours voiture-appartement parce qu’il y a toujours un oubli de dernière minute, il est 9 heures: on part… Je dors !
Depuis septembre, je vais à l’école, mes parents découvrent donc la joie des vacances scolaires, tout le monde part à la même date et patatras, nous voilà dans les bouchons à la sortie de Lyon jusqu’à Albertville. Partis de chez nous, Tom Tom annonçait l’arrivée à Firenze à 16h12; à la frontière Tom Tom annonce l’arrivée à 20h34… No comment, enfin si en fait, plein de commentaires sur ce périple horrible: Sorellina a beaucoup pleuré, à 8 mois elle commence à marcher donc rester toutes ces heures attachée ça na lui a pas beaucoup plu. En plus elle a une otite, ça aide pas à être de bonne humeur ! Et puis comme Sorellina pleurait et que la voiture était à l’arrêt, la tension montait tranquillement dans la voiture et maman s’est mise à pleurer et à s’énerver. Quelle ambiance dans cette voiture !
Si je vous parle d’un truc interdit que font mes parents… Est-ce qu’ils risquent une amende ? Comme je râlais un max j’ai passé les trois quarts du voyage tantôt sur papa tantôt sur maman. Pendant ce temps-là sorellona regardait des dessins animés, chantait à tue-tête ou gribouillait son ardoise magique.
Nous passons un tunnel dont on ne voit pas le bout et d’un coup tout va mieux dans la voiture. Pendant que nous dormons (d’une seule oreille pour pouvoir espionner les conversations des parents) papa raconte son premier voyage de grand en Toscane. Il avait 15 ans et était parti tout seul une semaine chez un ami de son parrain qui vivait dans une sublime maison dans les collines florentines… Maman connait cette histoire par coeur mais ne s’en lasse pas. Nous quittons Torino et prenons la direction de Genova, c’est au tour des souvenirs maternels de remonter à la surface : enfant, elle a beaucoup voyagé en Italia et ces routes pleines de tunnels et de viaducs lui font penser à son enfance (il y a bien longtemps ! hi hi !) lorsqu’elle chantait à tue-tête dans la voiture des chants révolutionnaires avec celui qui est devenu tonton Clément ! La route continue avec quelques pauses pipi ou caffè et nous voilà finalement devant notre hôtel de luxe (4*) dans la banlieue chic de Firenze. La chambre est ultra classe, il y a un petit lit pour moi très mignon mais Sorellona n’en a pas pour elle.
Et alors, tu crois que je vais dormir par terre ?
Ben non ! Tu vas dormir au milieu du grand lit, entre papa et maman. Veinarde ! Enfin, moi mon lit me va très bien, je suis tellement heureuse de pouvoir me reposer après un tel périple… Bonne nuit Sorellona, on se retrouve demain pour de nouvelles aventures !
Bonne nuit Sorellina ! Je vais moi aussi me coucher et m’endormir sur l’épaule de maman pendant que papa me fait des gratouillis…
Dimanche 27 février 2011
Je me réveille en grande forme ce matin. Bercée par la respiration de Sorellona, maman et papa j’ai dormi comme un loir. Je gazouille… Pour gagner quelques minutes de sommeil, papa me colle au sein de maman, nous voilà quatre dans le grand lit. Je gloutonne à toute allure puis je chantonne, ce qui réveille Sorellona. La journée démarre, il est 6h45, youpi !
Je suis tout excitée, tu vas voir Sorellina, ce matin c’est p’tit déj’ à l’hôtel et généralement y’a moyen de se faire péter le ventre !
Moi qui suis goulue comme tout, je suis très impatiente, nous traversons le patio de l’hôtel de luxe où nous dormons pour deux nuits et nous voilà dans une très belle salle à manger. J’ai le droit de goûter tout ce qui est interdit aux nourrissons… Mes parents ayant oublié les petits pots je me nourris de marbré au chocolat et de yaourts aux fruits.
Aaaah la joie du self-service, des céréales à gogo, je goûte tous les gâteaux (et n’en finis aucun !), je découvre le chocolat chaud italien qui ressemble plus à du flan au chocolat qu’à du cacao dans du lait et puis je mange , fait rarissime de la Nutella ! Bon, après cette orgie, nous partons pour une journée de visite…
Aïe, on annonce deux heures d’attente devant gli Uffizi… Avec nous deux et par ce froid glacial les parents décident de ne pas attendre… Maman passe la journée à regretter les Botticelli qu’elle n’aura pas revus ! Nous voilà dans les rues de Firenze, sous la pluie et le vent… Firenze, la plus belle ville du monde, ouai, bof !
Les parents sont désespérés: ils nous trainent à la messe !! On aura tout vu ! Tess pique un petit somme dans le Duomo en écoutant les chants religieux et les parents lisent le guide à l’abri des gouttes.
Je me réveille, nous voilà repartis, il pleut… Il pleut… Il pleut, c’est tout ce qu’il sait faire (et oui, j’ai des références m’sieurs, dames, j’connais la discographie de Brigitte Fontaine par coeur !). Les parents en ont plein le dos ! On s’arrête chez un traiteur somptueux et on achète des tas de choses à manger pour se réconforter.
Le lit familial nous sert de table pour notre festin: arancini, artichauts marinés, croquettes de pommes de terre et de poulet, maquereaux… Et après ça: deux heures et demi de sieste.
On se réveille, il pleut ! Papa regarde les prévisions météo sur internet et ne semble vraiment pas content de voir qu’on annonce des orages pendant encore six jours… Ils décident de se faire un petit sauna chacun leur tour pendant qu’on s’amuse tranquillement dans la chambre… L’après-midi se termine et c’est déjà l’heure de retourner au lit.
Lundi 28 février 2011
Après une nuit bien agitée…
Parle pour toi, moi j’ai très bien dormi.
Oui, oh ça va, à mon âge t’étais pire que moi niveau sommeil !
Comme quoi, rien n’est jamais perdu…
Bon, pour en revenir à nos moutons, il est sept heures, l’heure de descendre…
Non, non, avant de quitter l’hôtel (puisque c’est notre dernier jour ici) j’en profite une dernière fois pour m’amuser dans la salle de jeux de notre chambre, enfin je veux dire par là la salle de bain, au centre de laquelle trône un magnifique bidet très contemporain, et pour moi c’est Walibi tous les jours, le sèche serviettes est rempli de mes vêtements que papa met à sécher.
Mais… T’arrêtes de me couper ! Je disais donc, …l’heure de descendre manger notre p’tit déj’ gargantuesque, non, c’est pas vrai ce matin nous sommes très raisonnables, nous mangeons vite fait bien fait, nous fermons les valises et nous partons fissa dans le centre de Firenze… Mais pourquoi être si pressés ? Et bien parce qu’il fait beau !! Malgré ce que prévoyait la météo, il y a, depuis notre réveil un magnifique ciel bleu et nous comptons bien en profiter…
Toi, t’en profites surtout pour dormir en te rechargeant en vitamine D !
Pas si vite ! Le dodo dans la poussette, c’est pour plus tard, arrivés à Firenze, nous commençons par un petit tour sur les balançoires et pour mon jeune âge je ne démérite pas. Sorellona elle est hystérique : dans ce petit parc il y a aussi un joli motorino jaune sur ressorts sur lequel elle manque de se casser les dents !
Finie la rigolade direction Piazza di San Marco, depuis laquelle, pendant que ma soeur chasse les pigeons, j’entrevois l’immense coupole du Duomo. L’agitation de la ville finit de m’endormir profondément…
Ils sont magnifiques le Duomo et le Battistero. C’est étrange dans les rues les ambulances se succèdent, c’est peut-être le syndrome de Stendhal qui fait tomber les gens comme des mouches. De là nous gagnons l’église de Santa Maria Novella puis les quais de l’Arno que nous longeons jusqu’à la hauteur du Palazzo Pitti.
Je vous signale que je ne dors plus les amis et que je commence à avoir faim. Maman et Papa cherchent désespérément des petits pots bios pour moi mais ce qu’ils trouvent de mieux ce sont des aliments pour bébé à l’aspect repoussant rangés au rayon des animaux, véridique (c’était la supérette de devant le Palazzo Pitti). Bon je vais encore me nourrir quelques jours des yaourts à la banane de la salle du petit déjeuner !
Après un passage éclair par Santa Croce nous nous arrêtons pour manger des petits sandwichs puis surtout une glace magnifique, fior di panna pour moi, pignons de pin et amarena pour papa et maman.
Après cette escapade dans Firenze nous revoilà dans la Doblo… direction Roma ! Je me fais sèchement enguirlander parce que je veux jouer à la poupée avec toi… Vraiment, nos parents n’ont pas le sens de l’humour, si c’est comme ça: je dors !
Pareil pour moi !
Quand on se réveille, maman a repris le volant… Papa a de nouveau une « crise » avec son oeil gauche. Petit rappel des faits: papa a une maladie de l’oeil depuis cinq semaines, parfois ça va et parfois il se retrouve quasiment aveugle d’un oeil, c’est donc compliqué de conduire…
Nous arrivons à l’hôtel et là une belle surprise nous attend, ce n’est pas une chambre que nous avons mais un véritable petit appartement… Les parents sont contents de retrouver un peu d’intimité, je ne vois pas pourquoi… Un p’tit resto très très bon, et zou, un gros dodo !
Mardi 1 mars 2011
Nous voilà tous les quatre bien reposés après une grosse nuit de sommeil, près pour découvrir Roma.
Santa Maria degli Angeli, piazza della Repubblica, Palazzo Barberini, Fontane de Tritone e delle Api, Via Vittorio Veneto, le quattro fontane, et pour finir en beauté la matinée: Santa Maria Maggiore… Malheureusement Maman est la seule à apprécier la mosaïque du Couronnement de la Vierge par Jacopo Torriti car moi: je cours partout et veut souffler sur tous les cierges qui passent dans mon champ de vision.
Moi: j’ai faim !!
Et Papa: il souffre de son oeil et ne peut plus rien regarder du tout ! Il est temps de faire une pause et d’aller manger…
Ça c’est bien vrai !
Le guide indique un resto à quelques mètres de Santa Maria Maggiore. Le serveur nous regarde tout désolé, il est 12h15, bien trop tôt pour manger à Roma, ils n’ouvrent qu’à 13h ! Papa veut rentrer à l’hôtel, Maman insiste, il y a un autre resto qui semble pas mal juste en face: une merveille, nous dévorons (enfin les parents surtout !) : tornarelli ai carcioffi, spaghettini alle alici fresche, abbacchio alla romana, orata alla diavola… tout un poème.
Quand nous rentrons à l’hôtel il est 14h30 et nous avons rendez-vous avec mon copain Ettore dans très peu de temps. Vite au dodo de l’après-midi donc. Au réveil Ettore et sa maman Miriam nous attendent dans le hall de l’hôtel : ils vont nous emmener en voiture (parce qu’il pleut encore et toujours à gros bouillons) dans une bibliothèque à la Villa Borghese : malgré le déluge je peux dire que le lieu est idyllique. Et dire qu’Ettore a la chance d’y avoir son école, l’école française de Rome ! Nous courons tous les deux sous une pluie battante nous jetant dans des flaques gigantesques (Ettore m’a prété des galoches), c’est génial ! Nous arrivons enfin dans la bibliothèque : une dame, Elisa (Elissa comme elle prononce elle, à la romaine), nous propose à Ettore et à moi, un atelier artistique : nous allons regarder des photos et laissant libre cours à notre imagination dire ce que nous y voyons : sur l’une des photos Ettore voit une sorcière, et moi un zèbre ! Puis nous prenons nous-mêmes des photos, et enfin nous réalisons des collages.
Je m’amuse avec Miriam et Maman dans la salle de jeux de la bibliothèque, ils ont un magnifique boulier multicolore. Papa farfouille pour nous acheter des livres mais il ne semble pas convaincu par le peu de choix proposé !
Ettore et Ester sont de retour, ravis de leur activité…
Oui ! C’était génial, une animatrice rien que pour nous deux ! Elle nous a fait découvrir des tas de choses, c’est décidé je veux que les parents m’inscrivent dans l’école d’Ettore !
On retourne sous la pluie. Après une traversée de Rome de nord en sud avec foudre et tonnerres, nous nous retrouvons chez Miriam où je rencontre mon collègue Fausto, le petit frère d’Ettore, et son papa Giacomo.
Giacomo nous prépare des pâtes aux brocolis suivi de hamburgers mais ce qu’ils appellent « hamburger », c’est un steak haché !!
Je me régale de steak haché !
Mais toi, tu te régales de tout ce qui passe !! On finit de manger (avec un gâteau au chocolat succulent…) vers 22h, ça semble normale pour la famille d’Ettore… Miriam nous raccompagne à l’hôtel en faisant un détour par le Colosseo… Je découvre, pour la première fois de ma vie, ce lieu magique en pleine nuit, la magie est donc encore plus grande… Ce lieu est sublime et je nous trouve si minuscule face à ce monument qui nous ramène à l’origine de notre civilisation. Cette nuit, je crois que nous ferons de très beaux rêves… A demain !
Mercredi 2 mars 2011
Ce matin, c’est quartier libre pour les enfants !! J’ai le temps de faire des puzzles pendant que bébé Tess dort dans sa chambre, nous ne décollons de l’hôtel qu’à 10h45 ! Les parents commencent à se mettre à notre rythme. Bon, j’vous rassure tout de suite, ils ont repris leurs habitudes d’excités des visites le reste de la journée, mais commençons au commencement. Nous voilà dans le métro romain direction le Vatican ! Je crois que mes parents tournent mal…
Avant d’entrer dans San Pietro, nous faisons un détour par une pharmacie pour l’oeil de Papa (pas il Papa mais mon Papa !), il achète 8 euros 90 un collyre étiqueté 7 euros 50 et qui coûte 2 euros 70 en France !
La place est grandiose, vraiment époustouflante, nous rentrons dans San Pietro et nous nous « recueillons » devant la Pietà… Maman Marie s’interroge sur ses secrets de beauté, cette femme d’une cinquantaine d’année en parait 20 !
Moi, je m’intéresse surtout à un élévateur rouge et blanc (qui sert aux restaurateurs des peintures).
Il est 12h. La recherche du resto commence, et oui, la bouffe rythme nos journées ! Mais le temps de trouver un petit coin pour manger, Sorellona s’est endormie dans ma poussette ! Ni une, ni deux, les parents décident d’en profiter pour visiter les musées du Vatican… Ouh là là, si c’est ça, je m’endors moi aussi dans le Deuter… Comme ils se baladent avec deux magnifiques bambins, les parents ont des passe-droits, ils font les visites en sens inverse, prennent les ascenseurs du personnel. Ils profitent pleinement de ce moment de calme dans la cour du musée puis se dirigent vers la Chapelle Sixtine. Des dédales de couloirs plus tard, les voilà devant une des plus grandes oeuvres de l’histoire de l’art: la création de Michel-Ange ! Eh bien moi, tant d’émotions ça me donne les crocs, je râle puis je couine puis je crie, franchement dans la Chapelle Sixtine, ça fait son effet ! Maman est prête à sortir son sein puis… Non, quand même c’est un peu abusé, c’est un lieu sacré… De mon côté, je pense: un lieu sacré, et alors !! La Vierge, elle donne pas son néné au p’tit Jésus peut-être ?! Et puis, franchement, certaines oeuvres sont osées osées quand même, mais bon… Nous voilà parties dans les toilettes, Maman assise sur la chaise de la dame pipi… Enfin… je gloutonne ! Les gens qui viennent ici pour faire ce qu’ils ont à y faire se bidonnent en nous voyant, je leur souris et je leur fais des petits coucous… Je comprends « qu’elle est belle, quelle merveille ! » dans toutes les langues du monde ! De retour dans la Chapelle, nous retrouvons Papa qui peste contre Michel-Ange car celui-ci a peint ses oeuvres sur celles de ses copains et mes parents préfèrent décidément Botticelli et consorts à cet ange de Walt Disney ! Nous sortons finalement d’ici pour aller découvrir les stanze de Rafaello puis…
Je me réveille et souhaite me dégourdir un peu les jambes… Allez, on sort !
Bon, le resto qu’on devait se faire avant les musées, on le cherche de nouveau et là, c’est un comble ! Hier, nous arrivions trop tôt et aujourd’hui on nous annonce qu’il est trop tard pour manger ! On se rabat sur un bar et ses tramezzinis… Quel bien nous en prit ! On s’est régalé !
Pour le retour vers l’hôtel, nous décidons de faire un détour par la place d’Espagne et ce coup-là, quel mal nous en a pris ! La pluie nous rattrape, puis la tempête puis le déluge, je ne peux pas vous dire ce que nous avons vu, nous courrions à toute allure sous des trombes d’eau, l’enfer sur terre ! Maman avait la peau mouillée malgré sa doudoune, son pull et son T-shirt ! Et pauvre Sorellina, complètement trempée !!
Une douche bouillante pour les trois filles de la famille pendant que Papa Sandro nous achète à manger, ce soir c’est repas dans le lit et dodo de bonne heure !
Jeudi 3 mars 2011
Ce matin, Maman remplit les valises, nous quittons l’hôtel pour déménager chez nos amis Miriam, Ettore, Fausto et Giacomo… Chouette !
Nous quittons tranquillement l’hôtel puis nous faisons un tour de toute la ville en voiture pour avoir une vue d’ensemble… Mes parents rêvent au quartier qu’ils pourraient habiter ici…
Nous retrouvons Miriam et Ettore… Ils nous font découvrir un lieu génial : le resto universitaire de Roma Garbatella ! Dis comme ça, ça ne fait pas rêver et pourtant c’est un lieu magnifique où on mange incroyablement bien pour quelques euros… Mon père n’en revient pas, il s’empiffre comme un dingue: gnocchi, melanzane grattinate, saltimbocca alla romana…
Retour chez nos hôtes, je fais une grande sieste, mon copain Ettore ne dort pas l’après-midi à la maison, il rôde autour de la chambre où je dors comme un lion en cage… bien impatient que je le rejoigne.
Je profite de la sieste de Sorellona pour vous parler de Giacomo Balla… Notre hôte est le descendant de Giacomo Balla, un peintre futuriste. L’appartement est donc rempli de lithographies de cet illustre ancêtre, c’est très impressionnant… Il faut dire également que le père de Giacomo a appris à dessiner avec les filles de Giacomo Balla (je sais je sais c’est compliqué de comprendre les liens de parenté !), il dessine incroyablement bien, il a fait un croquis d’Ettore à la naissance, un autre de Fausto et surtout il a peint des carreaux dans la salle de bain, deux immenses tigres… C’est beau ! La présence de toutes ces oeuvres rend cet appartement vraiment à part.
Puisque tu parles de nos amis, il y a quelque chose chez eux qui m’amuse beaucoup: Miriam appelle ses fils « maman »… En fait, ça vient d’une expression italienne « cucciolo di mamma »…
Fausto est couché tous les soirs à minuit (il va au lit en même temps que ses parents). Moi, je ne suis pas le rythme, avec toute cette activité la journée, je me couche à 19h30… épuisée !
La soirée se déroule tranquillement, nous mangeons notre pasta puis des brochettes de viande succulentes, le tout devant des dessins animés de Barbapapa, pour les adultes c’est risotto al radicchio, ma mère demande la recette… mais bon, le souci c’est qu’on ne trouve pas du radicchio en France aussi facilement qu’en Italie… Inversement, Miriam et Giacomo se retrouvent avec un potimarron (comme ils font partie d’une coop ils ne choisissent pas leurs légumes) et ils ne savent pas comment celui-ci, très peu utilisé en Italie, se consomme. Après le primo je vois les grands manger des broccoli con salsiccia piccante. Même maman qui déteste les saucisses en mange, c’est que ça doit vraiment être délicieux. Giacomo est incroyable, il nous reçoit merveilleusement bien, il passe des heures en cuisine, on sent qu’il prend un grand plaisir à faire découvrir son pays, ses traditions, ses spécialités… C’est une chance immense pour nous de découvrir Roma avec les conseils avisés d’un romain.
Vendredi 4 mars 2011
J’me suis couchée tard, j’aurais bien aimé faire une petite grasse mat’ mais non, les parents me réveillent vers 8 heures et là je découvre ma mère toute excitée, c’est le thème Rome Antique aujourd’hui et il ne faut pas perdre de temps ! On a quand même le droit à un croissant con crema puis on part au pas de course…
Dans le métro, je rencontre un romain très beau qui me fait la conversation.
Nous voilà devant le Colosseo, une chinoise en robe de mariée prend la pose, les gladiateurs se battent avec de grandes épées, Giulio Cesare embrasse de jeunes allemandes… Ce lieu est incroyable ! La magie de ces vieilles pierres s’entrechoque avec le folklore (ridicule mais charmant) touristique.
Nous commençons par le forum, je dors malgré le sol tout cabossé… Avec tous ces pavés, c’est vraiment pas agréable la vie dans la Rome Antique !
Moi, j’adore ! Les temples me fascinent, je veux connaître l’histoire de tous les gens qui vivent ici… Les parents ont beau me dire que ces gens sont morts, je ne comprends pas, les vieux sont morts, d’accord mais les jeunes, ils sont où ?! Je les cherche dans ce dédale de vieux cailloux. J’aime beaucoup ce lieu et ce n’est que le début car… Nous nous dirigeons maintenant vers le Colosseo !!
Nous avons déjà nos billets, nous les avons pris au forum sur les conseils de Giacomo, il nous a expliqué que plein de touristes ne vont voir que le Colosseo il n’y a donc personne à la billetterie du forum et après tu n’as plus besoin de faire la queue de deux heures au Colosseo… Quelle idée de génie, nous grillons toute la queue et les gens nous regardent très très énervés, hi hi ! Mais bon, ne répétez pas ce bon plan à trop de monde…
Après cette petite anecdote, revenons à l’essentiel: les jeux du cirque ! Maman a des considérations sur la cruauté de la société romaine mais moi, ça me passe au-dessus, j’adore cette civilisation ! J’ai un livre sur les romains que Papa me lit très souvent, je visualise donc très bien les lions, les gladiateurs et le public qui tend son pouce vers le haut ou vers le bas… Là encore, je cherche et m’étonne de ne pas trouver les animaux féroces dans les sous-sols du Colosseo.
Il n’y a pas que les animaux féroces que tu voulais voir…
Oui, c’est vrai, j’ai beaucoup de chagrin car, j’ai beau l’appeler, Romeo, er’ meio del Colosseo, ne vient pas me voir… Nous quittons ce lieu plein d’émotions à regret.
Un petit tour dans un bus et nous voilà à Campo de’ Fiori, nous cherchons le quartier juif pour y manger mais la pluie (la revoilà !) nous prend de cours et nous arrête dans un resto juste à côté du Campo, au menu : olive ascolane / carcioffi alla giudia (Maman a mangé des artichauts tous les jours depuis notre arrivée en Italia, c’est un légume qui est beaucoup plus cuisiné que chez nous, ils sont préparés à l’huile d’olive – alla romana – généralement mais cette fois ils sont frits –alla giudia – et c’est, selon elle, à tomber par terre) / beignets de fleurs de courgettes (le péché mignon de mon Papa) / pizza romaine (Miriam nous expliquera plus tard la différence entre la pizza romaine et la napolitaine, la romaine est beaucoup plus fine et selon elle bien plus digeste, en France on ne trouve pas de pizza romaine et c’est vrai que la pâte est vraiment surprenante… Moi, j’adore ! Je sais, j’ai 8 mois et on n’est pas censés se nourrir de pizza à 8 mois mais j’ai des parents parfois un peu laxistes… Surtout lorsqu’il s’agit de s’offrir un peu de tranquillité.
Bébé Tess, aussi nommée Tess la goulue, s’empiffre ! Moi, ben, c’est tout le contraire… Je démarre une grève de la faim ! Bon, le calvaire d’être à table enfin fini, nous partons en direction du Trastevere en faisant un crochet par le quartier juif… Je m’endors.
Les parents continuent la balade seuls, enfin presque… Nous jouons toujours le rôle de p’tits boulets à porter et pousser. Ils découvrent Santa Maria in Trastevere, éblouis, les mosaïques de la façade (du 12 ème siècle !) sont incroyablement conservées, à l’intérieur, ce sont les scènes de la vie de la Vierge qui émeuvent le plus Maman Marie. Aujourd’hui, l’oeil de Papa le fait un peu moins souffrir et il peut profiter un peu de toutes ces merveilles.
Devant l’église, Miriam et Ettore nous ont rejoints, Sorellona dort toujours, moi je quitte le dos de Maman pour les bras de Papa, à moins que ce ne soit le contraire.
Nous arrivons sur la superbe Piazza Navona, un spectacle de rue est en train de s’installer.
Je me réveille ! Je ne vais pas louper ça quand même ! Nous allons chercher une petite glace, vite, vite, le spectacle commence. Je suis au premier rang, je ris aux éclats, je jubile, j’en oublie complètement ma glace qui dégouline sur mon manteau. Rien à faire, les plaisirs de la chair, très peu pour moi, ce qui se passe sur scène me fascine ! Ma réaction émeut beaucoup ma mère car elle raconte toujours que sa « vocation » elle l’a eue toute petite devant un spectacle de rue en Italie !
Il n’y a pas que Maman qui apprécie de te voir si enthousiaste: les touristes agglutinés devant les tréteaux te photographient, tu ne t’en rends même pas compte tellement les deux comédiens t’interpellent. A la fin des saluts, un des deux comédiens annonce: « Fra 20 minuti, potete restare, c’era un altro spettacollo, restate ? » Tu es la seule à lui répondre : » oui, resto ! »
Pendant ces 20 minutes, il y a un intermède musical avec de la musique médiévale, je danse avec Maman à m’en tourner la tête !
Papa va faire un tour avec moi pour que je m’endorme (encore !) loin des festivités carnavalesques…
Fin de l’intermède, mon copain Ettore m’a rejoint (durant le premier spectacle il était resté à l’écart pour manger sa glace) nous nous asseyons, nos pieds touchent la scène. Cette fois les comédiens portent les masques de la Commedia Dell’Arte ! Une histoire d’amour, de trahison, les hommes se battent à l’épée, les femmes se travestissent… C’est magnifique, c’est magique, c’est trop vite terminé…
Lorsqu’il se change, je m’approche du « héros », on discute, il m’explique qu’il est italien mais qu’il est intermittent du spectacle en France ! Ça en dit long sur l’état de la culture en Italie… Les artistes vivent tellement bien ici qu’ils doivent émigrer ! Il est déjà tard, nous faisons quelques détours pour « visiter » pas moins de trois librairies, les parents font des emplettes. Ils achètent ensuite un dessert pour le repas du soir, Miriam leur conseille des gâteaux de carnaval: ce sont quasiment nos bugnes !… Le boulanger nous en fait goûter à Ettore et à moi… Aussi bonnes que les lyonnaises !
Enfin, la voiture ! Je n’en peux plus de la poussette, je reste donc sur les genoux de Maman Marie et je me console de cette journée bien fatiguante pour moi par une petite tétée-câlin… Ça va mieux ! De retour à la maison, je peux enfin me dégourdir les pattes, je marche de mieux en mieux et je peux donc attraper de plus en plus de choses, ce qui est franchement bien rigolo ! Puis, un petit bain dans les bras de Maman…
Pour moi, ce sera un petit bain dans la « cuvette » d’Ettore, trop drôle !
Il est 21h, allez au dodo !
Parle pour toi, moi je suis devenue une vraie petite romaine. En plus ce soir, Miriam reçoit sa soeur Livia (Sorellina a failli s’appeler comme ça !) et vraiment je me dis qu’Ettore a bien de la chance d’avoir une tata aussi rigolote, on fait les fous en courant et hurlant dans toute la maison. Il est 21h30, je commence à manger des pâtes en primo (obligatoire !) sogliola en secondo et crostoli en dessert. Je vais au lit vers 23h15… Normal, quoi !
Attendez… Les parents se sont couchés encore plus tard après avoir mangé la pasta alle vongole, le cozze, l’orata con patate et bien sûr les crostoli pour finir, le tout arrosé de champagne que me parents avaient amené pour fêter l’arrivée de Fausto !
Samedi 5 mars
Toutes nos valises sont déjà prêtes, l’heure de partir approche, nous profitons des derniers instants avec nos copains Fausto et Ettore. A bientôt les garçons, la séparation est difficile.
Nous avons à peu près six heures de route pour rejoindre Codognè et exactement à mi-chemin nous croisons Arezzo, plutôt que manger dans les éternels Autogrill de Benetton, nous choisissons de faire une pause dans cette sublime ville médiévale. Nous prenons conseil auprès d’une famille d’autochtones pour savoir où manger et quoi visiter en seulement deux ou trois heures. Ils nous indiquent une trattoria qui ne paye vraiment pas de mine mais qui est à tomber par terre. Pasta al pomodoro pour moi… indémodable ! Mes parents goûtent un surprenant pesto de salade puis coniglio et baccalà, le tout arrosé de vin et d’eau pic-pic pour seulement 30 euros.
Mamama maman ma maman ma ma mamama mamamanma, depuis quelque temps, je m’entraine, mais je crois qu’aujourd’hui c’est le grand jour. Je suis assise à table dans ma petite chaise, j’attends que Maman me regarde et droit dans les yeux je lui dis: Maman…
Pendant que tu discutes avec les parents, je vais m’amuser avec un petit garçon de mon âge… Il s’appelle Ettore, décidément !
Après un change de couche sur le siège avant de la voiture (toujours aussi confortable !), nous nous baladons entre la cathédrale, le château et surtout la très importante foire aux antiquaires. Mes parents ont envie de tout, des vieux globes terrestres, un meuble pour accrocher des grosses casseroles en cuivre, un lit en fer transformé en canapé, une table assez rustique qui fait au moins 2,5 m de long… Mais bon, il faudrait une sacrée baraque pour tout ça !
Durant cette petite balade, des gens me touchent ! J’vous jure, je ne vous en ai pas encore parlé mais depuis une semaine, ça n’arrête pas. Je sais pas, les gens n’ont peut-être pas compris que je ne suis pas une poupée mais bien un être humain à part entière même si je suis une demi portion ! Au Vatican, dans le métro, dans les restaurants… Où qu’on soit, les gens m’attrapent les mains, parfois, malgré le regard de louve de ma mère, ils ne me lâchent pas tout de suite, ils insistent, font les « marionnettes », me caressent les joues ou même me bisouillent les pieds… De quel droit ?! Ça rend mon père fou de rage et en même temps il n’ose pas crier sur ces malotrus puisqu’ils font ça « gentiment » !
Je comprends ce que tu dis, c’était pareil quand j’avais ton âge… Moi, maintenant, si je vois que quelqu’un veut s’approcher je fais le lama… Ceux qui ont lu Tintin comprendront !
Après cette longue pause nous repartons…
Je finis le voyage sur les genoux de Papa, on regarde Tom Sawyer, son dessin animé préféré. Quand Tom est contraint de repeindre toute la palissade qui entoure la maison de tante Polly, papa m’explique le concept de punition, mais moi je n’attends que ça, qu’on me donne un énorme pot de peinture blanche et qu’on me laisse en mettre partout sur un mur pendant des heures. C’est mieux que le maître de Tom qui n’hésite pas à lui fouetter les fesses lorsqu’il fait des âneries à l’école : ça c’était pas mieux avant ! Bon nous voilà à Codognè, reposons-nous un peu et rendez-vous mardi matin lorsque notre voyage recommencera, en attendant c’est repos et machine à laver !
Mardi 8 mars 2011
Aujourd’hui c’est une grande première pour moi, mais aussi pour Ester, maman et papa. Soleil et ciel parfaitement bleu sont au rendez-vous. Je vais découvrir Venezia dans quelques heures. Sorellona et mes parents qui y sont déjà allés à plusieurs reprises (papa et maman notamment en décembre 1999 dans les derniers jours du millénaire, Ester l’année dernière 4 mois avant ma naissance) ne s’y sont jamais rendus pour le fameux carnaval. Et qui plus est, c’est aujourd’hui le dernier jour de l’édition 2011 du carnaval, on s’attend à trouver une foule immense déguisée et bariolée. La gare de Pianzano, d’où nous partons, est en tout cas complètement calme mais à mesure que les arrêts du train se succèdent de village en village, de ville en ville, celui-ci se remplit.
Le voyage dure un peu plus d’une heure, ce qui me laisse le temps de lire deux des livres que maman et papa m’ont achetés hier à Conegliano. Le premier s’intitule « Che bello quando… » et figure une série de scénettes entre une mère et sa fille. Par exemple quand il s’agit d’aller faire les courses : « Che bello quando andiamo a fare la spesa » … « Abbiamo dimenticato a casa la lista !!! », il y a au moins une dizaine de situations similaires toutes décrites par deux phrases. Quand maman termine de me lire le livre, que je découvrais pour la première fois, je demande à pouvoir le feuilleter de nouveau, seule. Et je décris page après page, en italien, toutes les situations, presque à l’identique des phrases imprimées. Mes parents me regardent avec fierté, d’autant plus que nos voisins dans le train, un couple et leur fille qui doit avoir également mon âge, nous disent à quel point ce bilinguisme les impressionne. Ensuite, pour préparer notre arrivée au Carnevale de Venezia papa me lit un livre sur les personnages de la Commedia dell’Arte : mes préférés : Pantalone, Arlecchino e Colombina.
A peine descendus du train nous serpentons entre les tables des maquilleurs qui tentent de barioler tous ceux qui se présentent dans leur apparence de tous les jours. Pour cette fois nous ne nous arrêtons pas, mais l’an prochain les parents nous promettent un déguisement et un maquillage d’enfer. Dès les premiers pas une chenille géante d’une vingtaine de personnes nous recouvre de confettis multicolores. Nous progressons vers le Rialto car juste après le pont il y a une petite place que papa et maman aiment bien et où nous nous arrêtons prendre un apéritif : c’est un peu tôt, nous venons d’arriver mais à Venezia il était impossible de prendre la poussette alors je suis dans l’écharpe de portage sur le ventre de maman et Ester est dans le Deuter sur le dos de papa… et ils fatiguent vite les parents, les pauvres, c’est une journée sportive pour eux ! Nous repartons assez vite et quelques instants plus tard nous voici piazza San Marco où les plus beaux masques et déguisements paradent d’un air nonchalant, prenant de temps à autre la pause pour se faire photographier, toujours retenus, mesurés, parfois sérieux. Beaucoup sont déguisés en nobles vénitiens, ça surprend Maman qui pensait trouver plus de liens avec La Commedia dell’Arte. Finalement il y a très peu d’Arlequins dans les rues de Venezia, ce sont plutôt des aristocrates des temps anciens qui envahissent les cafés les plus luxueux de la place ou que l’on voit sur les terrasses à l’ombre de leurs voilettes. C’est incroyable que les gens, probablement des habitants de la ville pour la plupart, puissent prendre autant de plaisir à se balader ainsi pour le seul plaisir d’être vus et admirés, des heures durant. Un petit garçon de deux ans tout au plus, habillé en lionceau est vraiment mignon, il est rapidement repéré par les photographes et les caméras, je pense qu’en quelques heures il va devenir une star ! Les parents nous surveillent de près, il y a une telle foule… Et justement une petite fille hurle, elle a perdu ses parents, ma mère tremble à la vue de cette scène angoissante. Nous ne connaitrons pas le denouement de cette aventure mais nous en gardons tous un sentiment d’effroi…
La foule et les costumes nous reprennent dans leur ronde… C’est bientôt l’heure des spectacles de rue au centre de la piazza San Marco, je trépigne ! Le premier est une sorte de one-man show mais le comédien fait appel aux personnes du public pour le déroulement de son spectacle, il se moque beaucoup d’elles, c’est un peu gentil et un peu cruel, comme pour cette petite fille à qui il a demandé tout un numéro et à qui il a remis un billet de 5 euros mais quand l’intervention a été terminée il lui a offert un ballon rouge… au prix de 5 euros ! Le spectacle suivant c’était du théâtre, de la Commedia dell’Arte, mais le soleil était passé derrière les palais de la place, et celle-ci plongée dans l’ombre, s’est rapidement refroidie. Les parents ont voulu rentrer, à mon grand malheur. Mais après coup, je dois dire qu’ils ont bien eu raison : voici pourquoi. A mesure que nous avancions dans les ruelles en direction de la gare, la densité des gens augmentait, tant et si bien qu’à l’approche d’un pont, un noeud s’est formé et nous nous sommes retrouvés pris au piège, il était devenu impossible d’avancer ou de reculer, et nous étions de plus en plus serrés. Papa qui est claustrophobe a commencé à se sentir mal, il avait peur de ces mouvements de foule à l’issue parfois funeste dont on entend parler aux informations dans de grandes manifestations de ce genre. Une dame notamment a été gagnée par l’agitation et la peur, s’est mise à hurler et à pousser tout le monde pour échapper à l’étreinte. Cela a duré une demi-heure pendant laquelle nous n’avons probablement pas fait plus d’une trentaine de mètres; la police a fini par arriver mais ne pouvait pas faire grand chose. Passé un pont au bout de la ruelle la foule s’est dissoute dans la plus ample strada Nova. Quelques instants plus tard nous étions au train… Mais les frayeurs de mon père ne faisaient que commencer ! En effet nous sommes montés dans un wagon déjà plein avec de nombreuses personnes debout, mais une minute avant le départ du train, une nouvelle foule s’est précipitée dans le wagon poussant les passagers pour rentrer. Papa a commencé à faire des gestes dans tous les sens puis il s’est mis à crier qu’il voulait qu’on le laisse passer, qu’il fallait qu’il sorte. Maman l’a empêché in extremis de quitter le train. Les choses se sont arrangées, papa s’est calmé. Alors j’ai pris le relais et j’ai commencé à enchaîner les bêtises… je crois que nous étions tous les quatre complètement épuisés. De retour à Codognè nous avons tout de même trouvé la force de sortir manger une pizza chez Mauro. Eh oui, car moi qui détestait les pizzas à présent j’aime bien, particulièrement celle à la porchetta et à la rucola…
Moi aussi j’adore, quelque soit le goût de la pizza d’ailleurs…
Mais c’est la foule là aussi, pas comme à Venezia mais presque, plus aucune table disponible, c’est de la folie cette journée de carnaval ! Mauro nous prépare quand même nos trois pizzas et on file les manger à la maison… Les évenements de cette surprenante journée étaient presque terminés quand Maman a reçu un sms… En ce jour de Carnaval et de fête de la femme : Vadim est né ! Je suis très heureuse pour mon ami Nils.
22 heures, cette fois la journée est terminée pour de bon…
Et c’était une bien belle journée… A bientôt pour de nouvelles aventures !
A bientôt !
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